L’histoire particulière de Punch, l’éléphant d’Asie
Modifié le :
Article par BRIAN AÏELLO et PAUL-HENRI CABRO, rédigé le 25 février 2011, mis à jour le 25 mai 2018.
Préparateur - Taxidermiste au Muséum de Toulouse / ancien directeur de la communication du Muséum de Toulouse.
Qui vous accueille dans le grand hall du Muséum ? Facile, me direz-vous : c’est l’éléphant. Impossible de le manquer : son corps imposant et sa trompe levée imposent le respect. Tout comme un chacun, vous vous arrêtez devant, peut-être même vous le photographiez.
Nous avons longtemps cru que son petit nom était Gypsie…
Pour ses 100 ans, l’équipe des Collections du Muséum a mené des recherches plus avancées sur cet objet. Il s’avère que l’éléphant d’Asie du Muséum, naturalisé par Philippe Lacomme n’est pas l’éléphant Gypsie mais l’éléphant nommé de son vivant : « Punch ».
Mais alors qui est Punch ? Quelle est son histoire ?
L’éléphant Punch était la vedette du numéro de dressage du cirque Pinder. Le dresseur de Punch était un anglais, M. Curley. Il y avait un attachement mutuel entre l’homme et l’animal.
Les tournées de cirque duraient 9 mois. M. Curley était absent de son domicile toute cette longue période. Son épouse trouva cette absence probablement trop longue, et lorsqu’il revint en Tarn et Garonne, il dût se rendre compte qu’il avait été remplacé par ou plusieurs intermittents… qui n’étaient pas du spectacle.
Devant son infortune, M. Curley quitta la région sans laisser d’adresse.
Punch déprimait. A deux reprises, il eu des accès de violence : une première fois sur des chevaux, la seconde sur un voisin du village qui avait pour habitude de lui porter des épluchures dont il était friand.
M. Pinder dut se rendre à l’évidence : il était devenu imprudent, voire dangereux, de confier à nouveau la garde de Punch à qui que ce soit. Il fallait s’en séparer.
Début de l’histoire de Punch au Muséum.
C’est le 11 décembre 1907 que M. Arthur Pinder fit don de la peau de Punch au Muséum de Toulouse. Philippe Lacomme, taxidermiste, fut charger de naturaliser l’éléphant dans une allure différente de bien d’autres éléphants naturalisés : plus « vivante ». A cette époque les postures dynamiques étaient rares car la plupart du temps les spécimens servaient principalement le propos scientifique pour lequel était privilégié le choix d’une monstration homogène favorisant l’étude des caractères spécifiques ou de comparaisons.
De ce fait, le montage évoquant l’éléphant en action s’annonçait difficile, M. Lacomme n’avait reçu que la peau, sans le squelette et les restes qui auraient pu lui donner une indication sur les mensurations de l’animal.
Lacomme dut surmonter deux difficultés induites par l’opération : d’une part, il n’y avait pas de locaux assez vastes au Muséum, ni de portes assez larges, pour réaliser le montage final d’un éléphant en action : d’autre part le poids d’une naturalisation avec les procédés de l’époque s’établissait pour un éléphant à 3 tonnes. Le plancher de la salle ne le supporterait pas.
Lacomme inventa une procédure de naturalisation qui fait encore de nos jours référence. Elle consiste à réaliser un bâti, garni de liège, qui dessine le contour de l’éléphant. Le tout est démontable en 12 pièces. Ensuite la peau de l’animal est placée sur ce bâti une fois remonté dans l’exposition, à l’endroit où le public pourra le découvrir.
Punch dans le nouveau Muséum
Photo d’en tête : Eléphant Punch dans le Grand Carré, Frédéric Ripoll, Muséum de Toulouse