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Une nouvelle espèce de taupe au Muséum d’Histoire Naturelle
Parmi l’actualité qui touche les collections de zoologie du Muséum de Toulouse, une des dernières concerne la découverte d’une nouvelle espèce de taupe pour notre région !
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Article rédigé par HENRI CAP
Docteur en éthologie, chargé des collections de zoologie, Muséum de Toulouse.
Au même titre que ses riches collections de préhistoire, de paléontologie et d’ethnologie, mais aussi d’ornithologie ou de faune pyrénéenne, l’une des spécificités du Muséum de Toulouse est son Mur des squelettes. Projet de longue haleine, cet ensemble comprend 77 spécimens ostéologiques qui ont été remontés en position de course, de nage, de saut, de brachiation ou de prédation. Un théâtre ostéologique se déploie dans la double paroi de verre sur plus d’une trentaine de mètres de long, rendant visible la scène entière de l’intérieur et de l’extérieur de cette nouvelle aile accolée à l’ancien bâtiment. Cette fresque dynamique illustre la biodiversité et l’évolution des vertébrés, sur trois niveaux de présentation, tout en précisant la position de notre espèce au sein du vivant. Nous vous invitons à découvrir la genèse du Mur des squelettes, voir son intérêt et explorer l’histoire de quelques-uns de ses acteurs.
Pour ce projet novateur, tous les spécimens provenaient des anciennes collections du Muséum. Tous ? Non, car quatre spécimens, quatre « poissons » comme n’aiment pas à le dire les taxonomistes, ont été acquis spécialement pour la composition : la Raie pocheteau gris (Dipturus batis), représentant les poissons cartilagineux, le Voilier de l’Indo-Pacifique (Isthiophorus platypterus), l’Opah (Lampris guttatus), et la Baudroie (Lophius piscatorius) pour les poissons actinoptérygiens. Cette base constituée, encore fallait-il imaginer la composition et repenser les positions des squelettes montés des anciennes collections, tous présentés avant la fermeture pour travaux du Muséum, en 1998, en position statique, au « garde-à-vous ».
Ce travail, initié par le professeur Yves Lignereux de l’Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse, a ensuite été confié au service conservation du MHNT. Il a tout d’abord nécessité la création de scènes avec les espèces que nous avions en collection, tout en restant cohérent d’un point de vue éthologique et écologique (proies, prédateurs, milieux, origine géographique). Une fois le choix des espèces arrêté, il s’en est suivi de nombreuses esquisses réalisées en interne à partir de la littérature, de photos ou de films animaliers, afin d’obtenir les positions dynamiques que les squelettes rendirent admirablement.
Le projet débuta fin 2002 et connu quelques changements avec la découverte des plans du nouveau bâtiment. Jusqu’en septembre 2007, les anciens squelettes, usés par un siècle d’exposition à la lumière naturelle, ont été convoyés en Sologne par l’ensemble de l’équipe du service Collection jusqu’aux ateliers alors du dernier spécialiste français de la restauration et du remontage dynamique des spécimens d’ostéologie, Christian Cornette. Ce long et délicat travail a assuré le remontage des spécimens, leur préservation tout comme la transmission de son savoir-faire unique aux équipes du Muséum de Toulouse.
Une fois démontés, nettoyés et mis en position, os par os, d’après les dessins réalisés au sein du service Collections, puis vectorisés afin de permettre leur maquettage numérique par le service des Expositions, les squelettes furent enfin rapatriés à Toulouse pour y être conservés. L’intégration en vitrine en septembre 2007 avec échafaudage pour les parties hautes fut périlleuse mais, finalement et après quelques manœuvres délicates, aucun spécimen n’eut à souffrir de la manipulation.
Cette profusion de spécimens ostéologiques en position dynamique constitue une singularité du Muséum de Toulouse. Le mur est l’un des symboles de l’établissement, une image forte pour la communication, et pour laquelle il a aussi été sollicité dans le cadre de la réalisation de livres ou de documentaires. Ainsi, outre son utilisation pour des événements tels que la Nuit européenne des Musées, cette présentation à la fois pédagogique, scientifique et esthétique a contribué à l’édition de l’ouvrage « Evolution », où figurent en quantité presque comparable les spécimens ostéologiques du Muséum de Toulouse (MHNT) et ceux du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris (MNHN).
L’intérêt d’une telle présentation consiste à montrer au public la diversité des vertébrés actuels qui ont réussi, par leurs adaptations morphologiques et comportementales, à coloniser tous les milieux de notre planète (aquatiques, terrestres, arboricoles et aériens). Elle illustre aussi les relations de parentés qui existent entre ces êtres vivants, en commençant par le caractère commun entre tous : la vertèbre. Le Mur des squelettes, doublé de la borne interactive 1 qui permet d’identifier chaque spécimen et d’expliquer les adaptations anatomiques, constituent de formidables outils pédagogiques, que ce soit pour les scolaires (premier public du MHNT) ou pour le grand public. Sa visite est désormais intégrée aux enseignements des étudiants de l’Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse, des étudiants en biologie et en psychologie des universités Paul Sabatier et Jean Jaurès de Toulouse, ou Jean-François Champollion d’Albi, dans le cadre de travaux pratiques d’anatomie et d’éthologie comparées que permettent les différentes postures de locomotion, de marquage ou de prédation reproduites avec beaucoup d’acuité.
Si l’intérêt de présenter une telle collection ostéologique pour l’éducation, l’enseignement et la recherche apparaît comme indéniable, il s’adresse au public le plus large. C’est une composition propice à l’émerveillement, qui inspire étudiants et amateurs des Beaux-Arts de Toulouse et d’ailleurs, et ce dès la réouverture en 2008. Ce mur est l’un des rares endroits en France si ce n’est dans le monde où tant de squelettes de si nombreuses espèces peuvent être vus, étudiés, dessinés sous – presque – toutes les coutures.
Parmi les spécimens remarquables de cette fresque ostéologique, nous pouvons citer la mystérieuse cavalière, Homo sapiens, dont l’origine reste pour le moment inconnue. Elle chevauche un petit cheval au galop, Equus caballus, dont le montage aurait été réalisé en 1850 par Mr Sairac, préparateur de l’école de Médecine. Cette dernière occupait le bâtiment actuel du Muséum de Toulouse, notamment le rez-de-chaussée au moment de l’ouverture au public en 1865. L’autre squelette humain présenté en train de courir a lui aussi probablement transité par l’école de Médecine. Il s’agirait d’un lutteur de la fin du XIXe, originaire de Carcassonne.
Autres compositions remarquables, des scènes comme saisies au vol : le léopard, Panthera pardus, tombant sur une antilope addax, Addax nasomaculatus, ou enfin le lion, Panthera leo, provenant de la ménagerie Redenbach, s’accrochant à un oryx algazelle, Oryx dammah, avant de l’étouffer.
Nous pouvons être éblouis par le nombre, la diversité, l’art de la mise en scène des squelettes qui composent cette fresque ostéologique. Mais tous ces spécimens exposés ne sont que la partie visible de l’iceberg de la collection ostéologique conservée par le Muséum. Celle-ci s’élève à plus de 1500 spécimens, inventoriés, préservés dans les réserves. Elle comprend, au-delà des squelettes complets montés ou en pièces détachées, des crânes ainsi que des pièces isolées du squelette post-crânien de taxons allant des poissons cartilagineux aux oiseaux en passant par les mammifères. Chacun d’entre eux a son histoire, et dont certaines sont à retrouver dans les articles du Muséum.
Références et note :
Photo d’en tête : Squelettes de cheval domestique et de femme – coll. muséum, MHNT.OST.1996.156 et MHNT.ANTH.96.267, photo : Patrick Gries
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